Il est encore temps, avant l'erreur fatidique, de réfléchir un peu aux effets pervers de cette formule.
En effet, avec un "Je t'aime!" tout est dit, tout est acquis. Pour en mesurer la force, souvenez-vous du temps qu'il vous a fallu pour le dire la première fois, sachant inconsciemment l'effet inexorable que cela allait avoir. Un engagement aussi fort qu'un "oui" devant Dieu. Alors qu'un oui devant l'officier d'état civil entraîne quant à lui des conséquences financières inimaginables pour toute personne n'ayant pas expérimenté soi-même, mais là n'est pas la question.
Nous en étions à inexorable. Le plus grave n'est pas que le "Je t'aime!" représente un engagement solennel pour celui qui le dit, mais c'est qu'il soit pris comme tel par celle qui le reçoit. Petite digression, pourquoi est-ce toujours lui qui le dit et elle qui l'entend? On n'a jamais vu représenter une femme à genoux déclarer à son mec sa flamme avec un bouquet de fleurs et du fric (sous forme de solitaire). Pas grave, l'usage du masculin et du féminin dans ce texte suit simplement l'expérience, au grand dam des défenseurs de l'égalité.
Le plus grave, disions-nous, est que la personne recevant un "Je t'Aime!" le prenne comme un engagement définitif, inaliénable et... récursif! En effet, qui oserait imaginer qu'il n'apparaisse pas ce 14 février, comme à son habitude chaque année, depuis si longtemps? Un peu comme une quittance réconfortante pour l'une et une rédemption pour l'autre. Une sorte de remise à zéro des pendules. Je t'aime, tu m'aimes, on s'aime... Donc tout va bien.
Or, quel sera l'effet de cette déclaration sans surprise?
Il pensera qu'une nouvelle fois, cette année, elle est dupe et qu'il aura le droit de lui manquer de respect. Et elle se persuadera une fois de plus, cette année, qu'il est entièrement dévoué et qu'elle n'aura pas à le séduire.
Malheureusement, le "Je t'Aime!" de la Saint-Valentin reste sacré, nul n'oserait s'y soustraire.
Et bien, luttons là-contre! Redonnons du sens à cette expression!
Alors cette année, ne le lui dites pas! Faites-le!
Et si l'être aimé, pour peu qu'il le soit encore, s'offusque de l'absence de la formule absolutrice, contentez-vous de lui montrer ce billet. Ce qui donnera lieu à un débat exutoire et libérateur.
Et pour tous celles et ceux qui auront reçu malgré tout un "Je t'Aime!", mesurez la valeur réelle de la formule sous la lumière de ce qui vient d'être dit.
N'hésitez pas à nous faire part ici de vos plus belles expériences!
Joyeuse Saint-Valentin à toutes et tous!
PS: pour les malheureux que personne n'aime, qu'ils soient consolés avec cette petite chanson:
https://www.youtube.com/watch?v=khTw53g5Xmk
